EuropaCity, un “nouveau Sivens” ?
POLÉMIQUE – Ce projet de centre commercial gĂ©ant bâti sur des terres agricoles, dans le Val-d’Oise, suscite le mĂ©contentement local.
Alors que le barrage de Sivens, dans le Tarn, est au cĹ“ur d’une polĂ©mique nationale, un point de friction similaire pourrait Ă©merger en rĂ©gion parisienne. Le groupe Auchan prĂ©voit d’ouvrir, Ă l’horizon 2020, “EuropaCity”, un immense centre commercial et de loisirs, Ă Gonesse, dans le Val-d’Oise. L’ensemble s’Ă©tendrait sur 80 hectares de terres agricoles. A la clĂ©, la crĂ©ation de plus de 11.000 emplois directs est prĂ©vue. Mais comme Ă Sivens, des militants Ă©cologistes sont vent debout contre le projet.
La construction doit dĂ©buter en 2017. Des grandes galeries marchandes, une dizaine d’hĂ´tels, un aquarium et mĂŞme une piste de ski couverte : sur le papier, le projet est très ambitieux. Mais il faudra sacrifier des terres cultivĂ©es pour qu'”EuropaCity” voie le jour.
“Une terre qui retient beaucoup d’eau”. Une terre compacte, gorgĂ©e d’eau, oĂą les cĂ©rĂ©ales poussent mieux qu’ailleurs, font valoir les opposants au projet. “Les meilleures terres d’Europe”, affirme sans hĂ©siter le militant Ă©cologiste Bernard Leloup au micro d’Europe 1. “Ici, on a une terre qui retient beaucoup l’eau, ce qui permet de cultiver le maĂŻs sans qu’il soit irriguĂ©”, plaide-t-il.
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Si “EuropaCity” sort de terre, il n’y aura plus d’Ă©pis de blĂ© ou de maĂŻs… sauf sur les toits des bâtiments, selon les plans dessinĂ©s par les architectes. “Quand j’ai vu ça, j’ai Ă©clatĂ© de rire”, lance cet autre militant, Bernard Dailly. “Les architectes pensent qu’on va transporter la terre sur le toit et qu’on va faire pousser du blĂ©. Ils ne manquent pas d’air”.
“Plus j’Ă©tudie ce projet, plus il me semble invraisemblable”, s’offusque Jacqueline Lorthois, membre du Collectif pour le triangle de Gonesse, qui lutte depuis 2011 contre le projet. “Ce que je n’aimerais pas, c’est que ces champs soient recouverts de bĂ©ton et qu’on s’aperçoive après coup que ce projet ne tient pas la route”.
“Un dĂ©faut d’Ă©coute manifeste”. Des manifestations similaires Ă celles de Sivens, cela peut arriver aussi Ă Gonesse, menace Alain Boulanger, autre membre du collectif. “Au bout d’un moment, la pression ne peut que monter et s’exacerber, parce qu’il y a un dĂ©faut d’Ă©coute manifeste”, affirme-t-il. En espĂ©rant ĂŞtre entendu lors du dĂ©bat public sur le projet, qui aura lieu au printemps prochain.