Mis à jour le 27/02/2019
Mira(ge)polis….Le rêve brisé !…
et ses points communs avec EuropaCity
En 1987, le premier grand parc d’attractions français ouvrait à Courdimanche, près de Cergy dans le Val d’Oise, Mirapolis. Quatre ans après, en 1991, il était fermé. Aujourd’hui ce sont des friches …
Le premier point commun entre Mirapolis et EuropaCity, c’est LA DÉMESURE
On cite des chiffres mirifiques :
Premier parc de loisirs…
-
-
Une statue de 38 tonnes, 30 mètres de haut, la statue la plus haute après la Liberté de New-York (!), etc…
-
36 attractions
-
Un « immense chantier » de 400 à 500 personnes…
-
Nous sommes dans le gigantisme, rien n’est trop grand ni trop beau… Le personnage de Gargantua lui-même est à l’image de cette démesure (on va visiter son gros ventre avec un funiculaire… )
Faire du grand, du gros, du gigantesque, c’est la réponse au risque (d’échec, de concurrence… ) c’est aussi la stratégie d’Immochan 25 ans plus tard.
Le deuxième point commun : nous sommes dans le rêve. LA CONCURRENCE n’existe pas.
Aucune analyse du futur, on vit dans le court terme. Nous sommes en 1987. Comme le dit la commentatrice à la fermeture : « on était en pleine folie de l’industrie des loisirs en France ».
Le Directeur de Mirapolis réduit la concurrence à un simple stimulant et il s’illusionne : « Quand Disneyland ouvrira, nous aurons 5 ans, peut-être que Disney ne pourra pas faire nos prix ! » Comme Mirapolis est le premier parc ouvert en France, forcément ça va marcher, forcément il va grossir. Sa taille sera sa garantie de pérennité. (Pourtant, jadis, les diplodocus n’ont pas survécu pour cause de gigantisme…)
Le personnage joyeux de Carlos (qui ressemble beaucoup à Gargantua) comme les paroles des chansons montrent l’insouciance, la légèreté : le bonheur, s’amuser, jouer, vivre le moment présent…
« Partez tous dans le rêve, vous n’en reviendrez pas ! » conseille Carlos…
On pose une question au Directeur de Mirapolis : « N’y -a-t-il pas un problème de moyens pour les familles ?? »
Rien de grave, visiblement, là aussi c’est magique : les porte-monnaie sont certainement élastiques. C’est sans doute aussi le même raisonnement pour EuropaCity, les projets se multiplient et on ne s’interroge pas une seconde sur « peut-on faire coexister plusieurs coqs dans la même basse-cour ? » Si les gens vont à EuropaCity, iront-ils à Disney ? Aucune analyse des possibilités financières du « français moyen ».
3ème point commun, l’ALIBI CULTUREL
C’est la culture qui est l’argument avancé pour vendre des loisirs et du commerce. Mirapolis présente les œuvres littéraires de Rabelais, les « inventions de Léonard de Vinci »… Mais c’est avant tout une machine à consommer des attractions ( cf le grand 8…, le train fantôme ).
EuropaCity se veut le « grand pôle culturel de Paris Nord » … c’est exactement le même discours … « le grand pôle culturel qui manquait à la banlieue Nord », même si on se rend compte qu’il s’agit d’un concept de centre commercial retoiletté. Et on oublie allègrement qu’en matière de “pôle culturel” depuis mai 2012 la cité du cinéma de Besson avec une surface de 62 000 m2 est déjà là, à proximité, dans le quartier Pleyel à Saint-Denis.
4ème point commun : la SURESTIMATION des résultats
Il était prévu 2,5 millions de visiteurs par an à Mirapolis, il y en a eu 400 000. Mirapolis était supposé révolutionner les mœurs ludiques des français ! On est dans le royaume de l’illusion !
Pour EuropaCity, on cite également des chiffres inatteignables : 30 millions de visiteurs, ce qui est l’équivalent du Forum des Halles, situé en plein cœur de Paris, premier centre commercial d’Europe.
Ce qui est 2,5 fois Disneyland Paris, première destination touristique d’Europe : 15, 4 millions en 2009 ; 15 millions en 2010 (en baisse) en 2010.
Mirapolis est déficitaire : est cité dans la vidéo sur le site du CPTG le chiffre de 350 millions de pertes. On parle de « 4 ans de fonctionnement chaotique. » Et on ne peut même pas attribuer cet échec à une concurrence quelconque : le parc EuroDisney n’était pas ouvert.
Disneyland Paris, c’est également une perte nette pour le parc d’attractions : – 63 millions d’euros en 2009, – 45 millions en 2010 et – 64 millions en 2011… Déficit compensé partiellement par la vente de ce qu’on appelle « les périphériques » (vidéos, disques, costumes de Mickey, tee-shirts, films, journaux… ) … et surtout par la spéculation immobilière.
Marcel CAMPION, qui dirige le collectif de forains qui a tenté la reprise de Mirapolis pendant un an, avoue que l’ « espace était surdimensionné, il s’agissait d’un parc régional, on l’a conçu comme un parc européen… » A méditer : le distingo parc régional / parc européen !
On peut s’interroger pour EuropaCity sur son ambition internationale, y compris vis-à-vis des pays émergents. EuroDisney, le plus européen des sites a reçu en 2011 = 49 % de visiteurs français, 13 % de Royaume-uni, 12 % du Bénélux, 9 % d’Espagne, 4 % d’Italie, 2 % d’Allemagne et 11 % du reste du monde… Si le premier pôle touristique européen qu’est Disney n’attire que 11% hors Europe… qu’en serait-t-il d’EuropaCity ?
*
* *
Quand on voit les ruines de Mirapolis, dont le site est une friche industrielle depuis 25 ans … on s’interroge sur le gaspillage des fonds publics, et sur les choix hasardeux du Conseil Général du Val d’Oise qui a farouchement soutenu le projet, tout comme il soutient aveuglément EuropaCity.
Pour aller plus loin, une vidéo à partager avec tous ceux qui ont été des enfants :
Un Parc d’Attraction Maudit ? MIRAPOLIS !!! mise en ligne par Arkeo Toys
Découvrez la chaîne vidéo du Collectif Pour le Triangle de Gonesse ICI
Les commentaires sont fermés.