Chômage des jeunes : Attention aux erreurs d’interprétation, l’exemple de Val-de-France

Définitions :

Jeunes : de 15 à 24 ans inclus
Population en âge de travailler : de 15 à 64 ans inclus.
Population active totale : ayant un emploi ou en recherchant un.
Val de France : Arnouville, Bonneuil, Garges-lès-Gonesse, Gonesse, Sarcelles, Villiers-le-Bel.

Compte tenu de la structure de la pyramide des âges, la population jeune est importante sur le territoire de Val de France : elle représente 25 900 personnes au recensement INSEE 2012, soit 24 % de la population en âge de travailler. Proportion supérieure à la moyenne du Val d’Oise (21%), et nettement plus élevée que la moyenne d’Ile-de-France (19%).

Le chômage de cette classe d’âge est fortement concentré dans les quartiers populaires, comme le montre des taux beaucoup plus élevés dans les zones sensibles du territoire. Par exemple à Villiers-le-Bel, l’îlot Derrière-les-murs de Monseigneur Nord (55 % en 2011) ou celui des Carreaux Nord (45 %), à comparer à la moyenne de la ville à la même date (33%).

Il convient toutefois de relativiser ces chiffres, car le taux de chômage se calcule sur la population active totale, qui représente rarement l’essentiel des situations de cette classe d’âge, qui sont le plus souvent encore à l’école, en formation, en apprentissage, à l’université, en service civique, en insertion, mais aussi jeunes femmes au foyer, etc.

Aussi, lorsqu’on dit : « un jeune sur 2 est au chômage dans les quartiers sensibles de Villiers-le-Bel », il s’agit d’un raccourci de langage qui prête à confusion. En réalité, il faudrait dire « un jeune ACTIF sur deux est au chômage… » Un autre calcul basé cette fois sur la proportion de jeunes chômeurs par rapport à la population de cette classe d’âge – prise dans son ensemble – indique des taux nettement plus faibles. Ils atteignent 15 % pour Val de France tout comme à Villiers-le-Bel, et le taux du quartier sensible Derrière-les-murs de Monseigneur Nord est divisé par 3 (17% en 2011).  Dans ce dernier cas : « un jeune sur 6 est au chômage ».

Ce qui signifie que malgré des taux de chômage élevés, les besoins principaux des jeunes de 15 à 24 ans portent plutôt sur le traitement de situations « en amont de l’emploi » : la lutte contre l’échec scolaire, des mesures de prévention contre la sortie de l’appareil de formation initiale sans aucune qualification (le « décrochage scolaire »), l’orientation professionnelle, la recherche d’accueil en apprentissage, la formation qualifiante, la prévention de l’abandon en 1ère année d’université ou tout simplement l’inactivité par découragement… Les demandes concernent donc davantage l’accompagnement des jeunes dans leur parcours vers la qualification, l’insertion professionnelle et/ou l’acquisition d’une « employabilité » (y compris maîtrise du français, et de langues étrangères notamment l’anglais ; permis de conduire, comportement, etc…) plutôt que l’accès direct en emploi.

Les réponses à ces besoins relèvent bien plus d’organismes de formation et d’accompagnement des jeunes (Education Nationale, Universités, Centres d’apprentissage, Ecoles de la 2ème chance, Missions Locales, Maison de l’Emploi, GIP…) que d’entreprises comme EuropaCity, positionnée sur un objectif opérationnel : l’adaptabilité de la main-d’œuvre locale, restreinte à son offre d’emplois.