Plaine Commune

Vœu au Conseil territorial de Plaine Commune du 12 avril 2016 contre le projet Europacity du groupe Auchan sur la zone agricole du triangle de Gonesse

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A l’occasion de la concertation organisée par la Commission Nationale du Débat Public, les élus  du territoire de Plaine Commune, réunis en Conseil Territorial, ce 12 avril 2016, expriment leur opposition au projet Europacity tel qu’il est présenté aujourd’hui. Cette prise de position sur un projet situé hors de leur territoire se justifie par l’ampleur dudit projet dont les impacts écologiques, sociaux et économiques désastreux affecteraient l’ensemble de la région Ile-de-France. C’est également en toute conscience des enjeux auxquels le département du Val-d’Oise est confronté, notamment le chômage élevé de ses habitants, que les élus s’expriment.

La philosophie de ce projet va en effet à l’encontre des objectifs que nous nous sommes fixés, mais auxquels le gouvernement s’est également engagé en ratifiant l’accord de la COP21 : celui d’un développement plus sobre et plus durable qui ménage l’avenir de notre planète. Le modèle de développement d’Europacity  semble remettre en cause la réalisation de ces engagements :

–        La destruction de 80 hectares de terres agricoles parmi les plus fertiles du bassin d’IDF, alors que s’impose la nécessité de conserver des terres agricoles en proximité des zones urbaines denses, pour des raisons de circuits alimentaires et de résilience face aux changements climatiques. Plutôt que de gaspiller un des rares secteurs agricoles périurbains proches de la petite couronne d’Ile-de France, des solutions de substitution auraient pu être étudiées sur de nombreuses friches, zones industrielles ou commerciales en difficulté. La production d’émissions de gaz à effet de serre importante à l’heure où, au lendemain de la COP 21 chacun, s’accorde à agir face à l’urgence climatique.

–        La consommation énergétique supplémentaire très importante et dont seuls deux-tiers seraient produits par le projet Europacity lui-même.

–        Le volume de ressources naturelles nécessaires (eau, énergie, matériaux) et l’imperméabilisation de 210 hectares  de pleine terre et la destruction de 3,5 hectares de zones humide

–        L’exposition d’une population nouvelle de plusieurs milliers de travailleurs aux nuisances des trafics aériens importants et autoroutiers auxquelles s’ajouteront celles générées par le projet, en développant un emplacement aujourd’hui non urbanisé.

Le projet Europacity met en concurrence les territoires et les surfaces commerciales existantes, générant des profits pour les promoteurs mais peu de valeur ajoutée pour les habitants. 

–         Concernant la promesse de création de 11.000 emplois, les emplois d’Europacity risquent d’être tout simplement des transferts depuis d’autres zones économiques franciliennes ; à propos des emplois commerciaux, des études démontrent que pour 150 emplois créés dans une nouvelle surface, 200 sont détruits dans les centres commerciaux environnants, ou petits commerces de centre-ville.

–         Le taux de rentabilité élevé des surfaces commerciales dope la construction de surfaces commerciales : ainsi, dans le Nord parisien plusieurs centres commerciaux ont ouvert récemment (Aéroville, Qwartz, le Millénaire, So Ouest, L’Ilo, rénovation d’O’ Parinor…)  concurrençant  les centres existants qui peinent déjà à atteindre leurs objectifs. Dans ce contexte de surproduction, la création d’Europacity (à moins d’1km de deux centres commerciaux)  et ses 230 000m2 de commerces (500 boutiques) va impacter directement le tissu commercial du Nord Parisien  (centres commerciaux et centres-villes) déjà en difficulté pour certains sites.

–         L’offre hôtelière de 2 700 chambres et un centre de congrès d’Europacity viendra doublonner le projet  « International Trade Center » situé à proximité immédiate de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, premier complexe intégré d’affaires et de congrès en Europe (1 800 chambres et un centre de congrès), sans compter le projet d’hôtel conférences de Pleyel porté par Plaine Commune. Europacity fait peser le risque de surcapacité du nombre de chambres et d’espaces de conférences à l’heure où on enregistre une baisse significative du nombre de congressistes en France et une baisse de la fréquentation des hôtels.

 Au-delà du seul projet d’Europa City et de ses appendices, les élus de Plaine Commune se prononcent également contre ce type de grands projets de prestige, qui loin de répondre aux besoins des habitants, crée de nouveaux besoins et poursuit l’objectif de la compétitivité des grandes métropoles mondiales, mettant les territoires en concurrence, tant à l’échelle régionale que mondiale. En produisant des objets architecturaux déconnectés  de leur environnement, vitrines supposées de la « modernité », cette course au gigantisme nourrit la compétition entre les métropoles du monde au dépend de la qualité de vie de leurs citoyens. La métropole polycentrique et solidaire que nous défendons appelle au contraire au respect des dynamiques territoriales existantes et la complémentarité entre territoires.

Enfin, les élus de Plaine Commune regrettent certaines conditions de la concertation

–         la concertation à propos d’Europacity a été déconnectée du reste des projets prévus sur le Triangle de Gonesse de la ZAC de l’EPA Plaine de France, pour laquelle l’enquête publique préalable a déjà eu lieu. En effet, ces deux projets sont intimement liés, Europacity tablant sur les salariés du million de m2 de bureaux et activités qui seront construits dans la ZAC pour fréquenter les commerces, hôtels et restaurants prévus.

–         que l’Etat et le gouvernement se soient exprimés en amont de la concertation en faveur du projet au travers de Messieurs Carenco, Valls et Macron et que le projet ait été déclaré d’intérêt national, ce qui peut compromettre la neutralité des débats.

Le Conseil Territorial portera devant la CNDP sa contribution sous la forme d’un cahier d’acteur.