D’où sort ce chiffre ?
Il a été établi par le cabinet d’études Sémaphores. Seul le total des emplois prévus a été communiqué. Nous n’avons jamais obtenu le détail de cette prévision. Si l’étude a été publiée sur le site du débat public, soit disant mise à jour en 2015, elle bien creuse, à la différence de celle du cabinet ECODEV sur les 25 projets du Grand Roissy qui figure sur le site de l’EPA Plaine de France.
Cet embargo laisse à penser que la méthode de calcul a été sommaire, sans procéder à une analyse par activités, tenant compte de l’existant par filières dans le territoire environnant. Le chiffre a sans doute été calculé « à la louche », en prenant des ratios d’emploi par surfaces escomptées fournies par le cabinet d’architecte BIG : tant d’emplois pour 1000 m2 de commerces ou de restauration, par exemple. Bien entendu, en phase de réalisation, les paramètres sont largement modifiés.
De quand date-t-il ?
L’étude Sémaphores est de 2011, sans doute basée sur des statistiques de 2008-2009. Elle est donc vieille de 7-8 ans et n’a apparemment jamais été réactualisée, bien qu’Auchan et Sémaphores s’en défendent, alors que l’emploi a subi une crise conjoncturelle sans précédent. La seule commune de Roissy a perdu 10 000 emplois de 2008 à 2012 d’après l’INSEE. Le trafic aéroportuaire a stagné depuis 4 ans. Le secteur des loisirs a connu une récession de fréquentation (nombre de visiteurs d’EuroDisney : 16 millions en 2011 ; 14 en 2013). Enfin l’activité dans la grande distribution a diminué en France de 5,7 % en 2014. Par ailleurs, le chiffre total des emplois en Île-de-France a connu une stagnation depuis 4 ans. En conséquence, cette statistique dépassée aurait dû faire l’objet d’une révision à la baisse.
A quelle échéance est-il établi ?
Il s’agit d’une prévision à l’horizon 2024. Il paraît peu crédible que 15 ans à l’avance, on soit capable de donner un chiffre à 500 emplois près. Comment ont été calculés les gains de productivité effectués dans les branches commerciales, l’hôtellerie restauration, les loisirs ? On observe par exemple que les progrès de productivité pour l’aéroport de Roissy ont été plus rapides que prévu : le nombre d’emplois par passager ne cesse de diminuer – voir graphique).
De même, que valent les chiffres des emplois de chantier qu’on fait miroiter à la main-d’œuvre locale, avec les pratiques des ténors du BTP (Vinci, Eiffage, Bouygues…) qui recourent massivement à un personnel d’Europe de l’Est payé au tarif de leur pays d’origine ?
Air France licencie des emplois qualifiés, tandis des compagnies low cost rognent sur le personnel et utilisent des sites moins fréquentés comme Beauvais par exemple. Dans le monde, des aéroports comme Istanbul, Dubaï investissent massivement pour leur développement. Certains observateurs pensent que Roissy comme Heathrow sont localisés beaucoup trop au Nord par rapport aux besoins des pays émergents (Moyen Orient, Asie…)
Aéroville avait promis 2600 emplois dans le dossier déposé en 2008. On en compte 1600.
Pour toutes ces raisons, les chiffres d’emploi d’EuropaCity sont à coup sûr surestimés.