Un rapport… tiède. Ainsi pourrait-on qualifier l’étude, présentée jeudi soir, à Aulnay-sous-Bois, concernant l’impact que pourrait avoir sur l’emploi local EuropaCity. Ce pharaonique complexe à 3,1 Mds€, porté par Auchan, mêlant commerces, loisirs et culture, est prévu en 2024 à Gonesse (Val-d’Oise). En résumé : tout en créant des emplois, EuropaCity en détruira dans le secteur, plus qu’il n’a prévu même… Mais beaucoup moins que ne l’avancent ses détracteurs. Explications.

Les élus craignent une « can-nibalisation ». Ce rapport a été commandé par la commission nationale du débat public (CDNP) pour y voir plus clair. Car EuropaCity jure qu’il va créer 4 200 emplois pour sa construction, et 11800 pour l’exploitation. Et ce, sans affecter les emplois existants ! Impossible pour ses détracteurs, au premier rang desquels l’établissement public Paris, terres d’envol*. La collectivité a, elle aussi, commandé une étude, réalisée par le cabinet McKinsey, qui estime qu’EuropaCity va cannibaliser 75 à 90% du chiffre d’affaires des commerces du secteur ! Et créer… 1400 emplois, au lieu de 11800.

L’expert revoit à la baisse les chiffres d’EuropaCity. De son côté, Arnaud Degorre livre une analyse plus tempérée. Il confirme les ordres de grandeur du nombre de créations « brutes » d’emplois avancées par EuropaCity. Mais revoit à la baisse ces estimations, une fois appliqué « l’effet de cannibalisation ». Ainsi, 2 000 à 2700 emplois existants, dans le Val-d’Oise et la Seine-Saint-Denis, vont être détruits par EuropaCity. Soit une création d’emplois « nets » oscillant entre 7 400 et 8 100, plutôt que 11 800. Enfin, « seulement » 4 300 à 5 000 emplois pourraient profiter aux habitants du secteur — au vu de la « porosité des marchés locaux du travail ».

Le débat public prolongé. Que dit le porteur de projet de ce nouveau rapport? A propos des estimations plus faibles sur la création nette d’emplois, il réfute le terme de « destruction », lui préférant celui de « substitution ». Quant au nombre d’emplois pourvus localement, EuropaCity rappelle que le chiffre de 4 300, avancé par l’expert, est une « estimation minimum », « dans le cas où aucun dispositif de formation ne serait mis en place ». Difficile, donc, de savoir qui est le plus proche de la vérité. Histoire de digérer tous ces chiffres, le débat public, qui devait prendre fin le 30 juin, est prolongé jusqu’au 13 juillet.

* Aulnay, Sevran, Drancy, Blanc-Mesnil, Le Bourget, Dugny, Ville-pinte, Tremblay