Le 6 mars 2018 le Tribunal administratif (TA) de Cergy-Pontoise a annulé l’arrêté préfectoral de création de la ZAC du Triangle de Gonesse. Mais le vendredi 4 mai 2018, au bout du délai de 2 mois ouvrant la possibilité de faire appel du jugement, la décision de faire appel a été prise en catimini au niveau interministériel.
Pendant plusieurs jours les médias n’ont pas réussi à avoir confirmation de la décision, jusqu’au 9 mai au matin où sur France Bleu le ministère de la Cohésion des territoires (ministre : Mézard) a assumé pour la première fois cette décision de faire appel : “Le gouvernement confirme l’intérêt de l’aménagement de la ZAC du Triangle de Gonesse”. Puis le soir même à 17h47 il y a eu une brève de l’AFP. Voir notre Revue de presse des 9 et 10 mai.
Deux jours plus tôt, le 7 mai, Le Monde publiait un article intitulé “Macron : sur l’environnement, une parole forte, mais des gestes faibles”. Cette décision de faire appel de l’annulation de la ZAC du Triangle de Gonesse est l’illustration que les actes ne suivent pas les belles déclarations d’intention.
Au moment où la question de l’agriculture urbaine est sur toutes les lèvres pour assurer l’approvisionnement en produits frais et de proximité d’une population de plus en plus urbaine, quel paradoxe de voir le Ministère de la Cohésion des territoires se faire le défenseur du projet le plus destructeur de cohésion qui soit apparu sur ce territoire. Faut-il rappeler ici que le projet rencontre l’opposition des principales communes limitrophes de Gonesse, de l’unanimité du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et provoque la mobilisation de 600 commerçants de Gonesse et des environs, qui viennent de se constituer en Collectif des commerçants et des salariés en colère « Europasdutout » !
Alors que la toute nouvelle Agence francilienne de la biodiversité -à peine installée par la Présidente de Région, Valérie Pécresse, en présence des Préfets d’Île-de-France et de Paris- vient d’annoncer son opposition au projet EuropaCity, la décision interministérielle de faire appel du jugement du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise confirme une nouvelle fois que le Ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, n’a pas pu, ou n’a pas su, faire prévaloir sa position et celles des différentes autorités environnementales qui sont défavorables à l’urbanisation du triangle de Gonesse : le Ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, en charge du dossier du “Grand Paris” et plus largement le gouvernement Macron-Philippe ont manifestement sacrifié le droit et l’écologie pour satisfaire certains élus du Val d’Oise qui sont piégés depuis 10 ans, dans les filets des illusionnistes milliardaires Mulliez et Wanda, pour la création d’EuropaCity.
Or la preuve est faite aujourd’hui que quiconque se penche sérieusement sur le projet Europacity en constate l’absurdité et le caractère anachronique, alors que depuis un an le nouveau Président de la République multiplie les discours sur l’exemplarité climatique et tente de refonder toute la politique étrangère française autour du respect des engagements de la COP21 et de son « Make the planet great again ! » à l’adresse du Président des USA.
Heureusement cet appel de l’État n’est pas suspensif de la décision – prise le 6 mars par le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise – d’annuler la création par le préfet du Val d’Oise de la ZAC de 280 ha du Triangle de Gonesse. La décision de la cour d’appel ne sera pas connue avant plusieurs mois. En attendant cette échéance, l’ensemble de la ZAC (dont EuropaCity pour 80 ha) reste interdite et la légitimité demeure du côté des opposants.
L’appel du gouvernement contre une décision de justice ne peut qu’encourager tous ceux qui sont conscients de l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique et de la richesse que représentent les terres agricoles à proximité des villes, tous les défenseurs de la biodiversité et tous les amateurs de produits maraichers de proximité de venir nombreux participer à la