Un calcul « hors sol »
C’est là que le bât blesse. Tous les calculs d’emplois sont effectués comme si le Triangle de Gonesse était une île. Au niveau du Grand Roissy (22 communes), l’EPA Plaine de France et les élus additionnent les 25 nouveaux projets prévus d’ici 2030 et prétendent que 130 000 emplois vont être créés. Sans du tout intégrer que certains projets sont concurrents à l’intérieur du territoire (deux grands stades, 6 centres d’affaires, des hôtels, des centres de congrès…) Et que surtout les différents territoires d’Ile-de-France sont concurrents entre eux.
Par exemple la création d’une zone d’activités nouvelle, d’un immeuble de bureau plus moderne incite les entreprises à quitter des locaux inadaptés : ainsi l’International Trade Center (Roissy) a accueilli deux entreprises ayant déménagé d’Aubervilliers et de Gonesse ( !). Résultat global pour l’emploi : un jeu à somme nulle ou même négatif quand certains employeurs saisissent le prétexte du déménagement pour réduire leurs effectifs. Sans compter une consommation doublée de ressources foncières : d’un côté une friche à réhabiliter, de l’autre de nouvelles terres agricoles sacrifiées.
Quel est le solde réel ?
Il est fort possible que si EuropaCity se fait, les emplois supprimés par ce projet soient en nombre supérieur aux emplois créés. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans un suréquipement d’activités :
– les bureaux : il y a près de 4 millions de m2 de bureaux vides en Ile-de-France, dont une partie frappée « d’obsolescence tertiaire [1]» ;
– les grandes surfaces commerciales ont gagné 330 000 M2 en quatre ans dans la banlieue Nord (notamment Aéroville, Qwartz, Plein Ciel, My Place, l’Ilo, le Millénaire…)
– le pôle loisirs d’EuropaCity est en concurrence directe avec EuroDisney qui est en difficulté…
Et surtout, EuropaCity concentre sur un territoire interdit à l’habitat 500 boutiques en périphérie, ce qui va contribuer à faire disparaître les commerces situés en centre-ville, et/ou les boutiques présentes dans les centres commerciaux existants.
En réalité, il est très possible que l’ouverture d’EuropaCity précipite la bulle immobilière liée au suréquipement d’activités concurrentes sur le territoire. Et que les emplois DETRUITS soient en nombre supérieur aux 11 800 emplois escomptés.
[1] Les bureaux restés vides plus de 5 ans sont considérés comme « inutilisables » par les entreprises.