Les candidat·es aux législatives sont interpelé·es sur l’avenir du Triangle de Gonesse

Les candidat·es aux législatives sont interpelé·es sur l’avenir du Triangle de Gonesse

Le Triangle de Gonesse et le Val d’Oise ont fait l’objet de la venue à Gonesse le 7 mai 2021 du Premier ministre pour annoncer un « plan Val d’Oise », dont une partie portait sur l’avenir du Triangle de Gonesse. Il a annoncé un projet « AGORALIM » confié à la SEMMARIS (qui gère le Marché de Rungis). Un rapport d’Agoralim est sur le bureau de la Première ministre en attente de réponse à la SEMMARIS. Ce dossier est par conséquent un dossier à caractère national et concernera les futurs parlementaires.

C’est pourquoi le CPTG a souhaité interpeler les candidat·es à l’élection législative des 12 et 19 juin 2022. Dans un premier temps, il a été recherché les adresses internet des candidats des 7ème, 8ème et 9ème  circonscriptions du Val d’Oise, les plus directement concernées. Sur 37 candidat·es, nous avons rassemblé 19 adresses internet : député·es sortant·es (3), NUPES (3), animalistes (3), LR-UDI (3), et indépendant·es (6). Soit 5 candidat·es de la 7ème circonscription, 9 de la 8ème, 5 de la 9ème.

Une invitation internet à une réunion publique en date du 1er juin à Villiers le Bel a été envoyée le 23 mai. L’annonce de cette réunion a fait l’objet d’un article sur ce site, d’une information sur les réseaux sociaux et d’une distribution d’un tract au centre commercial de Gonesse et au marché d’Arnouville. Cette invitation a obtenu un seul retour positif (NUPES 8ème ) et 5 indisponibilités (2 NUPES, 1 animaliste et 2 indépendants).
Le 1er juin étaient présent·es : 2 candidat·es de la NUPES (2ème et 8ème ), 2 de Reconquête (7ème et 9ème), ainsi qu’une représentante de la candidate du Parti animaliste, qui ont répondu oralement au questionnaire.
Nous remercions la quarantaine de personnes qui se sont déplacées pour participer à cette réunion d’interpellation.

Le 31 mai un questionnaire en trois parties a été envoyé aux 19 contacts.
Une réponse écrite au questionnaire (Mohamed Akkou, indépendant, 9ème), et une réponse proche du questionnaire (Philippe Démaret, indépendant ,7ème) nous sont parvenues.

L’initiative du CPTG a fait l’objet d’un article dans Le Parisien 95, et dans les Échos.

Conclusion: Une majorité des candidat·es a évité l’interpellation du CPTG. Aucun des candidat·es présents le 1er juin n’a soutenu la construction de la gare dans la situation actuelle. Mohamed Akkou 9ème  dans sa réponse reste favorable à la construction de la ligne 17 nord et de la gare. Dominique Da Silva, 7ème (LREM) a répondu au quotidien Les Échos favorablement à la gare et la ligne 17 considérant qu’on est dans une zone géographique qui a besoin d’être désenclavée. Même position de Sivka Park 9ème (LREM) : « désenclaver ».

Les députés élu·es le 19 juin ne pourront pas faire l’impasse sur le sujet. Le CPTG s’y emploiera.

 

En complément aux affirmations des candidat·es, une synthèse des arguments du CPTG :

Désenclavé ? Affirmation non démontrée !
Il y a quasi consensus sur les terres agricoles. Par contre, sur la question des transports, malgré nos argumentations très développées, nous retrouvons des idées reçues qui ne reposent sur aucun fondement argumenté.  Et la plupart des candidat·es interviewé·es concluent : “certes, nous avons besoin de sauvegarder les terres agricoles, mais nous avons un territoire tellement pauvre, tellement enclavé, avec tellement de chômage, que tant pis…”. Ceci traduit une méconnaissance notoire du territoire. Nous sommes en mesure de démontrer, chiffres, cartes et graphiques à l’appui, les constats suivants :

1/ Le territoire n’est pas pauvre, mais inégalitaire. Il y a 150 fois plus d’emplois par actif à Roissy qu’à Garges-lès-Gonesse ou Sevran. Qu’est-ce qui justifie de rajouter encore des richesses sur le pôle de Roissy ?

2/ Le territoire habité n’est pas enclavé, c’est le territoire sans habitant qui l’est, donc aucune importance. 4 gares sur 6 de la ligne 17 Nord n’ayant aucun habitant dans un périmètre d’1 km, voire plus. L’offre nouvelle de transports envisagée n’est donc pas utile aux habitants, elle dessert des emplois pour faire venir une main-d’œuvre extérieure qualifiée – de surcroît dans le bon sens Paris/Banlieue – , qui concurrence les actifs locaux.

3/ La croissance de l’emploi – ne correspondant pas aux besoins de la main-d’œuvre locale – entraîne une croissance du chômage. La ville de Gonesse constitue un exemple caricatural à ce sujet.

4/ Les gains de temps sont calculés de gare à gare, sans intégrer les temps d’accès pour atteindre le métro, ni les temps des “derniers kilomètres” une fois parvenu·es à la gare d’arrivée. En intégrant ces données, nous obtenons des temps de transports futurs supérieurs à ceux de l’offre existante.

5/ A quoi bon faciliter l’accès au pôle de Roissy, qui a supprimé 20 000 emplois de 2008 à 2019 et 11000 pendant la pandémie ? Une partie du personnel remercié s’est réorienté vers d’autres filières et l’aéroport ne trouve plus de main-d’œuvre, il rencontre les pires difficultés aujourd’hui à recruter 4000 salariés. C’est l’attractivité des postes qui est en cause, liés aux salaires et conditions de travail (fonctionnement 24 h/24 et 7 j/7; précarité de l’emploi avec beaucoup d’intérim et de saisonnalité, nuisances aériennes) et non les questions de mobilité / accessibilité.

6/ L’avenir des métiers de l’aérien est pris en charge par le pôle de Toulouse, qui conduit tout un travail de reconversion et de réorientation de la main-d’œuvre vers de nouvelles demandes, avec un partenariat syndicats – entreprises remarquable. L’Ile-de-France est concernée à la marge.

7/ Pendant que le Grand Paris Express accapare les budgets, les transports du quotidien qui correspondent à la demande urgente sont dans un état lamentable, en termes d’entretien, de sécurité, de matériel roulant, etc … Les chantiers du GPE qui sont programmés jusqu’en 2030 (sans compter les surprises) aggravent la situation et posent le problème de savoir où mettre 45 millions de m3 de gravats.

8/ Avoir tout misé sur les transports et sur l’implantation d’emplois sur une palette de métiers très faible, sans rapport avec les compétences et qualifications de la main-d’œuvre locale, entraîne la multiplication de communes dissociées, avec une explosion des flux croisés de travailleurs qui n’habitent pas le territoire et d’habitants qui ne travaillent pas sur place.

9/ Le financement du Grand Paris Express repose sur une escroquerie, en prétendant économiser des gaz à effet de serre et en émargeant au titre d'”obligations vertes”, alors qu’il se traduirait immanquablement par une explosion de la dette financière et écologique.

10/ Avoir tout misé sur les grands pôles et les transports se traduit par une double peine : l’explosion des déplacements et l’impossibilité de développer des emplois de proximité (petit commerce et artisanat, sanitaire et social, éducation-formation, restauration, entretien, sécurité, sport, services publics, économie sociale et solidaire…) Si le taux qui est de 19% de la population était celui de Versailles (35%), il y aurait 100.000 emplois supplémentaires sur le territoire du Grand Roissy, ne réclamant aucun transport lourd. A comparer avec les 25 projets du Grand Roissy programmés en 2012, qui devaient générer 104 000 emplois dix ans plus tard, on en trouve 5000, soit un taux de réussite de 5%.

Il est grand temps de changer de politique d’aménagement !